1. Objectif stratégique 1 : Améliorer l’état des écosystèmes touchés, lutter contre la désertification et la dégradation des terres, promouvoir la gestion durable des terres et favoriser la neutralité en matière de dégradation des terres

1.4. Objectif stratégique 1-4 – Proportion de terres dégradées par rapport à la superficie totale des terres (indicateur 15.3.1 des objectifs de développement durable)

1.4.1. Introduction

La dégradation des terres est définie comme «  la diminution ou la disparition de la productivité biologique ou économique et de la complexité des terres cultivées non irriguées, des terres cultivées irriguées, des parcours, des pâturages, des forêts ou des surfaces boisées du fait de plusieurs phénomènes, notamment l’utilisation des terres et les pratiques de gestion[^7] ».

À l’aide des trois indicateurs des objectifs stratégiques 1-1, 1-2 et 1-3 (ci-après désignés par le terme « sous-indicateurs »), les rapports au titre de la CNULCD estimeront la proportion de terres dégradées par rapport à la superficie totale des terres, c’est-à-dire l’indicateur 15.3.1 des ODD et le seul indicateur utilisé pour suivre les progrès réalisés en vue de la cible 15.3 : « D’ici à 2030, lutter contre la désertification, restaurer les terres et sols dégradés, notamment les terres touchées par la désertification, la sécheresse et les inondations, et s’efforcer de parvenir à un monde neutre en matière de dégradation des terres ». Conformément à la décision 15/COP.13, les informations compilées dans les rapports nationaux seront mises à profit par le secrétariat, en sa qualité d’entité responsable de l’indicateur 15.3.1 des ODD, pour contribuer au suivi et à l’examen d’ensemble par le Forum politique de haut niveau sur le développement durable.

Il est indispensable de connaître l’étendue et l’emplacement des terres dégradées pour parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres (NDT) au niveau national, ainsi que pour aider les Parties à définir des cibles volontaires nationales.

L’indicateur 15.3.1 des ODD est déclaré en tant que chiffre unique exprimé en km2 qui quantifie la superficie des terres dégradées en proportion de la superficie totale des terres, laquelle est définie comme la superficie totale des terres d’un pays à l’exclusion des superficies couvertes par les eaux intérieures, comme les principaux cours d’eau et lacs.

La CNULCD facilite la présentation de rapports sur l’indicateur 15.3.1 des ODD en fournissant des données préremplies sur la plateforme du système PRAIS 4 avec des valeurs tirées d’ensembles de données par défaut.

Les Parties ont la possibilité d’identifier les « faux négatifs » ou les « faux positifs » qui peuvent résulter de la détermination de la dégradation. Le formulaire de rapport sur la plateforme du système PRAIS 4 permet de décrire intégralement ces sites, y compris leur emplacement géographique, la délimitation de leur étendue et les processus à l’origine des interprétations faussement négatives ou positives.

Les Parties sont également encouragées à identifier les zones « sensibles » et « favorables » en tant que zones présentant les changements les plus manifestes et spectaculaires en matière i) de dégradation des terres et ii) d’amélioration, respectivement.

1.4.2. Conditions préalables à la présentation de rapports

  • Une lecture approfondie du chapitre 2 du [Good Practice Guidance for SDG Indicator 15.3.1]((https://www.unccd.int/publications/good-practice-guidance-sdg-indicator-1531-proportion-land-degraded-over-total-land) ;

  • Une réserve de spécialistes nationaux officiellement nommés par les autorités nationales pour vérifier la fiabilité des estimations de la dégradation des terres. Parmi les principales institutions, on peut compter le bureau national de la statistique du pays, le ministère de l’Environnement, le ministère de l’Agriculture, le ministère des Ressources en eau, un centre de télédétection, ainsi que des universités et des centres de recherche. Il est particulièrement important de consulter le bureau national de la statistique, car ce dernier est chargé d’examiner et de valider les estimations nationales de l’indicateur 15.3.1 des ODD avant leur soumission finale à la Division de statistique des Nations Unies pour inclusion dans le Rapport sur les objectifs de développement durable et la Base de données mondiale relative aux indicateurs de suivi des objectifs de développement durable.

1.4.3. Cycle de présentation des rapports et procédure étape par étape

La procédure étape par étape de présentation des rapports est décrite ci-après. Si les Parties décident d’utiliser les données par défaut, l’étape 1 n’est pas nécessaire.

Étape 1 : calculer l’indicateur 15.3.1 des ODD

Note

Domaines connexes sur la plateforme du système PRAIS 4 : tableau SO1-4.T1

Afin de calculer l’indicateur 15.3.1 des ODD, les résultats de l’analyse de la dégradation pour chacun des sous-indicateurs sont combinés au moyen de la méthode du paramètre déclassant, selon laquelle une diminution significative ou un changement négatif dans n’importe lequel des trois sous-indicateurs est considéré comme incluant une dégradation des terres. Il en résulte une évaluation binaire selon laquelle une unité d’occupation des terres (pixel) est soit dégradée soit non dégradée.

L’analyse de l’évolution de la dégradation passe d’abord par l’établissement d’un seuil de référence pour la dégradation des terres. Le seuil de référence fixe l’étendue d’étalonnage de la dégradation des terres par rapport à laquelle les progrès réalisés en vue de la cible 15.3 des ODD et de la NDT sont évalués pendant la période considérée. Concrètement, aux fins du calcul de l’indicateur 15.3.1 des ODD, le suivi de l’évolution de l’étendue de la dégradation des terres se déroule en trois temps  :

  1. Calculer l’étendue de la dégradation pendant la période de référence (t0) du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2015 pour définir la valeur d’étalonnage qui permettra de mesurer les progrès réalisés en vue de la cible 15.3 des ODD ;

  2. Calculer l’étendue de la dégradation pendant la période considérée (tn) en faisant la somme i) de la superficie des terres où tout changement dans les sous-indicateurs est considéré comme indiquant une nouvelle dégradation ; et ii) de la superficie des terres dont l’état dégradé persiste depuis la période de référence (c’est-à-dire qui n’ont enregistré aucune amélioration vers un état non dégradé) ;

  3. Calculer l’évolution de l’étendue de la dégradation entre la période de référence et la période considérée.

La superficie totale des terres dégradées pour la période de référence et la période considérée, ainsi que l’évolution de la superficie entre les deux périodes doivent être déclarées dans le tableau SO1-4.T1. Par ailleurs, les Parties peuvent communiquer des informations supplémentaires sur la méthode employée, par exemple si elle diffère de l’approche du paramètre déclassant, de même qu’indiquer le niveau de confiance des estimations (élevé, moyen ou faible).

Étape 2 : identifier les faux positifs et les faux négatifs

Note

Domaines connexes sur la plateforme du système PRAIS 4 : tableau SO1-4.T3

Les Parties peuvent identifier les zones présentant :

  • une dégradation « faussement positive », où la méthode du paramètre déclassant a indiqué à tort qu’une superficie n’était pas dégradée alors que l’évolution de la condition des terres est considérée comme suffisamment négative pour être qualifiée de dégradation dans le contexte de l’indicateur 15.3.1 des ODD ;

  • une dégradation « faussement négative », où la méthode du paramètre déclassant a indiqué à tort qu’une superficie était dégradée.

Qu’est-ce qu’un faux positif ?

On peut citer l’exemple d’un empiétement d’espèces ligneuses dans une prairie, qui pourrait faire augmenter la productivité apparente de la végétation alors même que le résultat sur le plan de l’évolution de la condition des terres serait normalement considéré comme négatif. Il s’agit d’un faux « positif » ou d’une amélioration apparente de la condition des terres. Avec la méthode du paramètre déclassant, la superficie subissant un empiétement d’espèces ligneuses serait indiquée à tort comme n’étant pas dégradée alors même que l’évolution de la condition des terres est considérée comme suffisamment négative pour être qualifiée de dégradation dans le contexte de l’indicateur 15.3.1 des ODD. On obtiendrait un résultat semblable dans le cas de terres envahies par des espèces végétales exotiques.

Qu’est-ce qu’un faux négatif ?

On peut citer comme exemple le cas inverse du problème cité ci-dessus : les espèces ligneuses (ou les espèces végétales exotiques) sont éliminées dans le cadre d’un processus de remise en état, entraînant une diminution de la productivité apparente. Normalement, cela aboutirait à une indication de dégradation alors même que le but consiste à restaurer des terres dégradées. Avec la méthode du paramètre déclassant, la superficie remise en état serait considérée à tort comme étant dégradée.

Dans les zones où un faux positif ou un faux négatif est identifié en matière de dégradation, les Parties peuvent utiliser le visualiseur de données spatiales du système PRAIS 4 pour apporter des détails spatiaux supplémentaires en plus des champs de déclaration du tableau SO1-4.T3. La délimitation spatiale des zones présentant un faux positif ou un faux négatif ne doit être réalisée que lorsque les pays sont certains qu’ils connaissent la chronologie, l’emplacement et l’étendue de ces processus contre-intuitifs. Cependant, lorsqu’elles déclarent des données spatiales, les Parties peuvent alors choisir de recalculer les résultats de la méthode du paramètre déclassant au moyen de Trends.Earth et importer les résultats recalculés. En l’absence de délimitation spatiale de la zone présentant un faux positif ou négatif, il n’y aura pas d’incidence substantielle sur les données communiquées.

Pour déclarer les étendues des faux positifs et négatifs au moyen de la plateforme du système PRAIS 4, il faut remplir le tableau SO1-4.T3. Le visualiseur de données spatiales du système PRAIS 4 permet de remplir ce tableau avec des informations spatiales (au format vectoriel). Cependant, il s’agit d’un élément facultatif et le tableau peut toujours être rempli sans fournir de données spatiales. Les informations portant sur l’emplacement des sites, l’étendue du site (remplie automatiquement par le visualiseur de données spatiales du système PRAIS 4 si utilisé), les processus à l’origine du faux positif/négatif et le fondement de leur jugement doivent être communiquées en plus de la période à laquelle le processus de faux négatif ou positif a débuté. Si les Parties utilisent le visualiseur de données spatiales du système PRAIS 4 pour délimiter les étendues, on peut utiliser un graphique informatif pour interpréter le pourcentage de la superficie totale délimitée qui est dégradé ou amélioré par sous-indicateur. Ce graphique doit être utilisé comme guide pour comprendre quel sous-indicateur est à l’origine du faux positif ou négatif déclaré au sein de l’étendue polygonale fournie.

Étape 3 : évaluer les zones sensibles et favorables

Note

Domaines connexes sur la plateforme du système PRAIS 4 : tableaux SO1-4.T4 et SO1-4.T5

La CNULCD encourage les Parties à signaler les zones présentant les changements les plus manifestes et spectaculaires. Elles sont de deux ordres :

  • Zones sensibles : zones très vulnérables à une dégradation si des mesures de remise en état ne sont pas prises de toute urgence ;

  • Zones favorables : zones qui ne présentent aucun signe de dégradation ou qui ont été remises en état après leur dégradation, grâce à la mise en œuvre d’activités de remise en état appropriées ou à des processus d’aménagement du territoire visant à prévenir la dégradation.

Le fait de connaître l’emplacement et le type des zones sensibles/favorables peut faciliter l’élaboration de plans d’action pour remédier à la dégradation, notamment grâce à la conservation, la réhabilitation, la restauration et la gestion durable des ressources terrestres.

Les zones sensibles et favorables sont déclarées dans les tableaux SO1-1.T4 et SO1-1.T5 de la plateforme du système PRAIS 4, respectivement. Les Parties sont invitées à saisir des informations pertinentes telles que l’emplacement, la superficie, le processus d’évaluation adopté, les facteurs/processus déterminant l’état des terres, et les mesures de remise en état prises et prévues. Il s’agit de tableaux spatiaux qui doivent donc être remplis en s’appuyant sur les outils du système d’information géographique disponibles dans le visualiseur de données spatiales du système PRAIS 4. Il s’agit d’un élément supplémentaire et facultatif, mais ces informations localisées peuvent renforcer les approches spatiales de la gestion durable des terres et contribuer à intégrer des ripostes à la dégradation des terres à l’échelle des paysages. Par ailleurs, la CNULCD peut utiliser ces données spatiales pour créer des produits d’information améliorés permettant de démontrer l’impact de la Convention.

Étape 4 : générer les rapports

Une fois vérifiées par les Parties, les estimations de la dégradation des terres pour la période considérée et la période de référence doivent être officiellement soumises à la CNULCD. Les situations particulières ou anormales et les questions notables liées à l’interprétation des données qui peuvent avoir une incidence sur la fiabilité des valeurs déclarées doivent être décrites dans le rapport descriptif. Un champ réservé aux observations générales figure à la fin du formulaire de rapport de la plateforme du système PRAIS 4 à cette fin.

Les informations sur la dégradation des terres doivent être déclarées en km2 pour le pays tout entier.

Des cartes par défaut ou des cartes générées dans Trends.Earth à l’aide des données nationales représentant la dégradation des terres pour la période de référence et la période considérée sont mises à disposition sur la plateforme du système PRAIS 4. Plus précisément, les cartes suivantes seront disponibles en ligne :

  • La proportion de terres dégradées par rapport à la superficie totale des terres (indicateur 15.3.1 des objectifs de développement durable) pour la période de référence ;

  • La proportion de terres dégradées par rapport à la superficie totale des terres (indicateur 15.3.1 des objectifs de développement durable) pour la période considérée ;

  • Les zones sensibles à la dégradation (pour les pays qui fournissent des données spatiales sur la plateforme du système PRAIS 4) ;

  • Les zones favorables à l’amélioration (pour les pays qui fournissent des données spatiales sur la plateforme du système PRAIS 4).

1.4.4. Dépendances

L’indicateur 15.3.1 des ODD dépend de la superficie totale des terres déclarée dans le tableau SO1-1.T1. Toute modification de ce chiffre viendra donc modifier la valeur de l’indicateur.

Les champs relatifs à la superficie des tableaux spatiaux SO1-4.T3, SO1-4.T4 et SO1-4.T5 dépendent des données spatiales créées par les pays au moyen du visualiseur de données spatiales du système PRAIS 4. Cependant, ils peuvent également être remplis manuellement sans fournir de données spatiales justificatives.

1.4.5. Résumé (principales étapes)

Les principales étapes à suivre pour présenter des rapports sur l’indicateur 15.3.1 des ODD sont les suivantes :

  1. Calculer la proportion de terres dégradées par rapport à la superficie totale des terres (indicateur 15.3.1 des ODD) : en utilisant l’approche du paramètre déclassant pour combiner les trois sous-indicateurs, calculer l’étendue de la dégradation pendant la période de référence et la période considérée. L’étendue de la dégradation pendant la période considérée est calculée en faisant la somme i) de la superficie des terres où les changements dans les sous-indicateurs sont considérés comme indiquant une nouvelle dégradation ; et ii) de la superficie des terres dont l’état dégradé persiste depuis la période de référence (c’est-à-dire qui n’ont enregistré aucune amélioration vers un état non dégradé).

  2. Identifier les processus à l’origine de faux positifs et faux négatifs et fournir des justifications pertinentes à l’appui de leur évaluation. Lorsque les pays sont certains des informations qu’ils communiquent concernant l’emplacement et l’étendue de ces processus ainsi que du recalcul de la méthode du paramètre déclassant pour l’indicateur 15.3.1 des ODD en tenant compte des zones identifiées, ils doivent utiliser le visualiseur de données spatiales du système PRAIS 4 à cette fin (tableau SO1-4.T3).

  3. Évaluer les zones sensibles à la dégradation des terres et les zones favorables à l’amélioration des terres, en indiquant leur emplacement, leur étendue et les mesures prises ou prévues pour les gérer et garantir le développement durable de ces zones (tableaux SO1-4.T4 et SO1-4.T5). Les pays sont encouragés à communiquer des informations sur les zones sensibles et favorables en utilisant le visualiseur de données spatiales du système PRAIS 4.

1.4.6. Lectures complémentaires


1

La légende par défaut du couvert terrestre de la CNULCD aux fins de la communication d’informations agrégées est une version modifiée des catégories d’utilisation des terres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, où les « masses d’eau » sont séparées des « zones humides » et regroupées dans une septième catégorie englobant : les lacs, les rivières et les cours d’eau (naturels/artificiels, eau stagnante/eau vive, eaux intérieures/mer), les réservoirs artificiels, les lagons côtiers et les estuaires.

2

Le calcul de la performance de la productivité est fortement dépendant de la définition de la LCEU. Contrairement aux mesures relatives à la tendance et à l’état, qui évaluent les changements au fil du temps, la performance est une comparaison spatiale et les résultats peuvent changer si l’étendue sur laquelle porte l’analyse vient à changer.

3

Afin d’éviter de surestimer la valeur maximale en raison de la présence de valeurs extrêmes, il est recommandé d’utiliser le 90e centile des valeurs de productivité au sein de l’unité d’occupation des terres en tant que valeur maximale réelle de l’indice de végétation (PPNmax).

4

Lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre et leur révision de 2019, ainsi que le Supplément 2013 aux Lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre : zones humides.

5

Pour en savoir plus, consulter : « Default data: methods and interpretation. A guidance document for 2018 UNCCD reporting », disponible à l’adresse suivante : https://prais.unccd.int/sites/default/files/helper_documents/3-DD_Guidance_EN_1.pdf.

7

Article 1 de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.